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Extrait de la Thèse de Maîtrise de Sociologie Rurale

" Déclin d'une commune française - Cunfin en Champagne "

 

de Monsieur Claude PARIS

Dans sa thèse de maîtrise de sociologie rurale " Déclin d'une commune française - Cunfin en Champagne " réalisée sous la direction de Mesdames EIZNER et GROSHENS (Université PARIS X - NANTERRE - Sciences sociales et administration - Année 1985/1986),

Monsieur PARIS, Claude, détaille une approche historique de Cunfin, dans laquelle y est relatée ;

 

LA VISITE DE CUNFIN PAR SAINT BERNARD

*.*.*.*.*......     Les compagnons de voyages (1) de Saint-Bernard (1091-1153) qui ont enregistré jour après jour les miracles qu'il opérait, rapportent qu'en l'an 1136, cet homme de Dieu, retournant de Moleme à Clairvaux, passa à Cunfin et qu'il y signa son passage par deux miracles éclatants, sous les yeux d'une foule de témoins.

A peine était-il entré dans le pays que le bruit s'en répandit de tous côtés. Les habitants accoururent aussitôt au lieu où il s'était arrêté pour le voir et l'entendre. Avec quelle attention, ces gens durent contempler les traits de cet homme si puissant pour lequel on avait "de toutes parts les sentiments de la plus grande vénération".

Une femme aveugle depuis sa naissance, qui lui fut présentée, se recommanda au serviteur de Dieu ; il lui rendit la vue en lui touchant les yeux de ses doigts et en faisant sur elle le signe de la croix. L'heureuse femme, à l'aspect de la lumière qu'elle n'avait jamais connue, éprouva une émotion extraordinaire. Elle bondissait de joie en disant : "je ne heurterai plus mes pieds contre des pierres".

On amena ensuite au saint abbé, un pauvre enfant boiteux, qui se traînait plutôt qu'il ne marchait. Le thaumaturge le bénit et à l'instant même l'enfant se redressa et marcha. On conçoit la sensation que durent causer à Cunfin ses deux miracles. Il est à présumer qu'ils firent pousser à la foule étonnée des exclamations de surprise et de larmes de reconnaissance. On peut raisonnablement penser aussi, qu'à cette occasion, Saint-Bernard leur adressa quelques paroles (2) et combien ils durent être émus et pénétrés de la vertu de sa parole ! Il est vraisemblable que ce fut à la porte du prieuré ou dans la cour, que Saint-Bernard opéra ces deux prodiges (3), car il est fort probable qu'en passant à Cunfin il soit allé, avec sa suite, rendre visite aux religieux du couvent qui comptait déjà 60 ans d'existence depuis sa fondation  (1076) et qu'il fut accueilli avec joie et respect. "Les moines se disputèrent le droit de le servir, s'estimant heureux de pouvoir être utiles à un homme qu'ils regardaient comme un ange revêtu d'un corps mortel" (4).

Le souvenir du passage de Saint-Bernard à Cunfin et de miracles qu'il y a faits est transmis jusqu'à nos jours, de père en fils, du succession en succession, d'âge en âge. Ce témoignage religieux qui donne un aperçu de l'ambiance qui règle dans ce village est appuyé tout d'abord par l'existence de vitraux représentant les deux miracles, dans l'église de Cunfin et que l'on voit toujours actuellement, et d'autre part par un chêne plusieurs fois séculaires.     ......*.*.*.*.*

(1) - Il était toujours accompagné, dans ses voyages, de deux moines de Clairvaux qui lui servaient de secrétaires. Son cortège se composait souvent de personnes vénérables et tous consignaient chaque soir dans un journal itinéraire, les miracles dont ils avaient été témoins. Saint-Bernard descend des comtes de Châtillon et sa mère était la fille du comte de Montbard (en Bourgogne). En fondant l'Abbaye de Clairvaux, il créait ainsi, le futur berceau de la grande réforme bénédictine du XIIème siècle.

(2) - Il parlait avec la plus grande facilité, son élocution était claire, pleine de douceur et de force, son action naturelle, et son geste touchant était approprié aux sujets qu'il traitait.

(3) - Godefroy, son secrétaire et historien, rapporte dans l'une de ses textes : "... et dans un village appelé CUNFINIUM ou CUNFIN, peu distant de notre maison, en présence de toute la population réunie, notre bienheureux père rendit la vue à une femme aveugle de naissance, et l'usage de ses jambes à un enfant estropié..."

(4) - Abbé Tynturié : Notice historique sur le bourg de Cunfin.

Dans la même thèse,

Monsieur PARIS, Claude, détaille une approche historique de Cunfin, dans laquelle y est relaté ;

 

LE CHENE DE SAINT BERNARD

*.*.*.*.*......     On ne peut donc pas passer sous silence l'importance de cet arbre dans la vie historique de la communauté car il y est intimement lié.

Ainsi, près de l'ancienne chapelle de Sainte-Anne, on pouvait voir un chêne qui jouissait d'une grande célébrité dans toute la contrée en devenant l'objet d'une sorte de respect populaire. Planté en l'année 1070, sous la première dynastie des comtes de Champagne, ce chêne (1) a vu sous son ombrage Saint-Bernard lors de son passage car il n'y avait pas d'autre voie à suivre pour rejoindre Clairvaux que celle qui passe près de celui-ci. Cet arbre, Monsieur Lapérouse, dans son histoire de Châtillon, le nomme "Le chêne de Saint-Bernard". Il aura, sans nul doute, abrité aussi à la fin du XIème siècle, Pierre l'Ermite (2) revenant de la Palestine. Il est également probable que des bataillons de croisés, en partant pour la terre sainte, se reposèrent à ses pieds. En effet, les mouvements de troupes étaient devenus fort nombreux à cette époque car les Champenois n'ayant pas pris part à la première croisade, se rattrapèrent sous l'exhortation de ce moine et participèrent en grand nombre à la seconde (d'ailleurs, un comte de Champagne, Henri II, deviendra lors de la troisième croisade, Roi de Jérusalem).     ......*.*.*.*.*

(1) - Ce chêne était encore vivant au début de l'année 1971, soit neuf fois séculaire.

(2) - Pierre, surnommé l'ermite, natif d'Amiens, ayant fait un voyage en terre sainte vers l'an 1093, fut envoyé par le Pape, Urbain II, de province en province, pour inciter les seigneurs à cesser les guerres qu'ils se faisaient entre eux et à prendre les armes pour délivrer les fidèles de l'oppression.

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