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Notice sur Notre-Dame-de-la-Paix

Paroisse de CUNFIN - 1865 - Extrait de " CINQ COURONNES A MARIE ", au diocèse de Troyes, par l'abbé Poupelier

*.*.*.*.*......     Depuis le jour à jamais célèbre où le saint et vénéré Pontife, l'immortel Pie IX, que Dieu a donné à son Eglise, dans ces temps difficiles, pour l'instruire, la défendre et la gouverner, a proclamé, du haut de la chaire de saint Pierre, le dogme de l'Immaculée Conception de Marie, nous voyons, avec un sentiment indicible de bonheur et d'espérance, les peuples catholiques redoubler de ferveur dans le service de cette bonne Mère, et multiplier, sous les formes les plus variées, les témoignages de leur piété filiale. Le diocèse de Troyes n'est pas le dernier à se laisser entraîner dans ce mouvement miraculeux qui semble porter les chrétiens à remettre, aujourd'hui plus qu'à aucune époque, les destinées du monde catholique entre les mains de Celle dont l'histoire, la reconnaissance et la grande voix de l'Eglise proclament la victoire sur l'hérésie, le vice et l'impiété. On vient de lire, dans la notice sur Notre Dame des Vignes, le récit intéressant du triomphe de cette auguste Reine des Anges et des hommes a remporté sur l'indifférence, dans des localités qu'on était loin de soupçonner capables d'un tel enthousiasme pour le culte de la très-sainte Vierge ; nous offrons à nos pieux lecteurs un nouvel exemple de ce dévouement.

Le 30 octobre dernier (1864), on bénissait, à Cunfin, au diocèse de Troyes, un gracieux monument élevé en l'honneur de la sainte Vierge, sous le nom de Notre-Dame-de-la-Paix. Nous laissons la parole à un témoin de cette intéressante cérémonie, qui nous a donné le récit qu'on va lire.

NOTRE-DAME-DE-LA-PAIX

Encore un jour de fête et de bonheur pour les enfants de Marie!... Dimanche dernier, 30 octobre, M. l'abbé Langevin, Vicaire général, venait inaugurer, dans la paroisse de Cunfin, un nouveau monument en l'honneur de la Vierge Immaculée, sous le gracieux vocable de Notre-Dame-de-la-Paix. Ce monument, en forme de colonne de la hauteur de 7 à 8 mètres, est assis sur une des collines qui servent de murs d'enceinte à la commune de Cunfin. On y arrive par un sentier tortueux qui nous rappelait, en miniature, les divers étages de la route du Mont-Cenis et les contours de la montagne de Fourvières. Ce chemin pittoresque, appelé par les habitants de la localité le sentier de Marie, et tracé par M. l'abbé Robert, curé de la paroisse, qui a fait ériger le monument à ses frais, a été exécuté partie par des hommes de bonne volonté, partie par la commune elle-même. Honneur à Athanase Brévost, qui sait faire tourner à la gloire de son pays la confiance dont l'honorent ses concitoyens.

La statue de Notre-Dame-de-la-Paix mesure environ 2 mètres. Elle est, comme toutes les madones de l'habile statuaire qui l'a sculptée, M. Charton, de Dampierre, remplie d'une expression et d'une douceur de traits qui conviennent admirablement à la Vierge Immaculée et à la Vierge-Mère. Elle embrasse de son regard le village tout entier, et semble appeler dans ses bras, pour les presser sur son cœur, ses pieux habitants. Des ronds-points et des grottes ménagés dans la montagne, et des terrasses habilement disposées au-dessus et au-dessous du monument, avaient, pour ainsi dire, donné de l'animation et de la vie à la sainte montagne qui va devenir le but de pieuses promenades et d'un intéressant pèlerinage pour les habitants de Cunfin. La cérémonie de la bénédiction de ce monument, d'une modeste simplicité, rappelait la grande fête de l'inauguration de la colonne de Notre-Dame-des-Vignes. La procession, de l'église à la montagne, offrait un coup d'œil enchanteur. La compagnie des sapeurs-pompiers et les corps de musique réunis de Cunfin, d'Essoyes et de Fontette, rehaussaient, par leur présence et par l'harmonie de leurs accords, l'éclat de cette belle solennité.

Nous sommes heureux de constater les progrès sensibles des diverses fanfares de l'arrondissement de Bar-sur-Seine. Nous avons entendu avec plaisir plusieurs morceaux fort bien exécutés, surtout une marche et une mélodie que répétaient, avec un charme délicieux, les échos de la montagne.

Une multitude de jeunes filles dont bon nombre vêtues de blanc, portant des oriflammes au chiffre de Marie, serpentaient dans les sentiers tortueux de la montagne, échelonnées les unes au-dessus des autres, et formaient comme de larges rubans blancs et de couleurs variées.

La disposition topographique de la montagne permettait à la nombreuse assemblée de se grouper sans confusion autour du monument.

Plusieurs ecclésiastiques qui avaient pu se faire remplacer ou qui avaient avancé l'heure du service religieux dans leurs paroisses, étaient accourus pour seconder le zèle de leur confrère de Cunfin, et témoigner de leurs sympathies pour la nouvelle madone.

Sur le chemin, de l'église à la montagne, avaient été placés de grands mâts avec oriflammes aux couleurs nationales et aux chiffres de Marie et du patron de la paroisse, avec ces charmantes devises :

NOTRE-DAME-DE-LA-PAIX, PRIEZ POUR NOUS.

AVE MARIA, GRATIA PLENA.

VOICI VOTRE MERE.

MOURIR ET NON APOSTASIER, etc.

Après quelques pieux refrains chantés avec beaucoup de goût par les jeunes filles de la paroisse, secondées par les bonnes sœurs de Cunfin et d'Essoyes, M. l'abbé Langevin prit la parole pour expliquer à son nombreux auditoire le but de la cérémonie.

Prenant pour texte de sa brillante allocution ces paroles de l'Apocalypse de saint Jean :

« Un signe éclatant apparut dans les cieux. C'était une femme revêtue du soleil, foulant aux pieds la lune, et portant sur sa tête une couronne de douze étoiles... »

l'orateur fit de cette vision prophétique une réalité saisissante, en montrant dans la Vierge-Mère, cette femme célèbre, revêtue comme d'un vêtement, des rayons de la divinité de Celui qu'elle portait dans son sein, foulant aux pieds la terre, dont la lune est l'image, et portant pour diadème cette couronne mystérieuse formée de tant de vertus, de tant de titres qui attestent au monde sa puissance et sa bonté.

« Une des douze étoiles, c'est ce vocable si gracieux de Notre-Dame-de-la-Paix, sous lequel nous allons bénir ce monument... La Paix !... quelle parole magique et délicieuse! C'est le premier mot de l'Evangile, de la bonne nouvelle ; celui que le Ciel fit entendre à la terre, à la naissance de Celui que les Prophètes et les Patriarches saluaient de loin du doux nom de Prince de la Paix... La Paix !... mais c'est d'elle que parlait le Sauveur du monde dans ces entretiens intimes où il révélait à ses Apôtres sa céleste doctrine. Il leur disait : Je vous donne ma paix... C'est le legs sacré qu'il leur fait en se séparant d'eux pour aller au Calvaire : Je vous laisse la paix... C'est le salut mystérieux qu'il leur adressait si souvent : La paix soit avec vous... C'est pour rendre la Paix à la pauvre humanité tyrannisée par l'Ange rebelle, qu'il a paru sur la terre revêtu de la forme de l'esclave ; qu'il a donné sa vie ; qu'il est ressuscité... La Paix !... Cette paix de Dieu, et non la fausse paix du monde: cette paix, dit le grand Apôtre, qui surpasse tout sentiment humain, cette mystérieuse gardienne de nos intelligences et de nos cœurs... »

Puis, transportant son auditoire dans les hauteurs de la théologie catholique, l'orateur fit voir comment les créatures intelligentes perdirent la paix, cet incomparable bienfait du Créateur. D'abord, les Anges, en se séparant de la vérité, de leur nature... Puis, sur la terre, où les hommes oubliant la vérité, niant la vérité, perdirent la paix qui en es la compagne inséparable...

« Et parce que le Seigneur aime la paix et la vérité, l'Ange et l'homme, détruisant par leur révolte ces saintes harmonies du Ciel et de la terre, obligèrent le Seigneur à les punir, en précipitant l'un dans les abîmes d'où la paix est à jamais bannie, et en abandonnant l'autre à tous les fléaux qu'entraîne à sa suite la négation de la vérité, et, partant, l'absence de la paix. De là ce mot terrible : La Guerre!... La guerre entre l'esprit et la chair ; la guerre entre les nations ; au sein des villes et des villages... La guerre entre les familles, etc... »

Nous ne suivrons pas l'orateur dans les magnifiques développements de cette belle thèse philosophique, qui demandait toutes les ressources de l'art oratoire, pour la rendre accessible à tous ces braves gens, qui prêtèrent une religieuse attention aux paroles de M. l'abbé Langevin.

Revenant ensuite à son texte, l'orateur montra comment « la colonne de Notre-Dame-de-la-Paix faisait renaître l'espérance de voir régner dans tous les cœurs la paix de Dieu, par la pratique de la vérité et de la charité... La paix de Dieu dans les familles, entre les habitants de la commune... Que si jamais ils étaient tentés de nier la vérité ou de briser les liens de la charité, ils viendront faire un pieux pèlerinage au pied de ce monument ; et même, comme il plane au-dessus de leurs demeures, ils jetteront seulement un regard vers l'image de Notre-Dame-de-la-Paix ; ils se rappelleront la pieuse cérémonie de ce jour, et bientôt il sentiront le calme renaître dans les esprits, et ils en rendront grâces à Marie leur Mère et leur protectrice... » L'orateur termina par cette touchante invocation :

« Soyez notre maîtresse, ô Reine de la paix ; dominez sur nos cœurs, sur nos familles, sur nos demeures, sur nos campagnes ; dominez sur nous tous, Vous et votre Fils... »

Après la bénédiction de la statue, M. l'abbé Robert, curé de la paroisse, prononça d'une voix émue qui trahissait et la joie de son cœur et sa reconnaissance, l'allocution suivante :

« Monsieur le Vicaire Général,

Après les paroles si persuasives, si touchantes, si pleines de paix que vous venez de nous faire entendre, un sentiment unique nous presse, celui de nous déclarer les enfants de la paix, afin que cette paix que vous venez de louer si éloquemment, et que vous nous apportez, descende sur nous et y demeure. Toutefois, permettez au Pasteur du troupeau d'élever un instant la voix, pour épancher au dehors les sentiments qui le remplissent en ce beau jour qu'il souhaitait depuis longtemps de voir luire, pour la satisfaction de tous.

Le pays de Cunfin semble être un de ceux à qui Dieu a marqué une place dans l'histoire de la religion, et un rang parmi ceux qu'il prédestine et qu'il privilégie. Patrie d'un jeune Martyr (saint Adalbert, tué à la fleur de l'âge par les Normands au IX° siècle, en haine de la foi catholique), qui eut la gloire d'illustrer, par sa mort, le pays qui le vit naître, et de cimenter par son sang la foi qu'il suça au berceau. Visitée par un saint (saint Bernard), la merveille de son siècle, qui exerça ici le pouvoir merveilleux que Dieu lui avait communiqué sur les maladies et les infirmités humaines, et dont la mémoire est restée implantée dans le sol avec cet arbre six fois séculaire qui porte son nom. Berceau du culte populaire et touchant, rendu dans ces contrées à la vertueuse Epouse de Joachim, à l'auguste aïeule du Fils de Dieu. Antique dépendance de la puissante abbaye de Clairvaux, qui a produit tant de Saints et de grands hommes, dont plusieurs ont sans doute visité ces lieux et y ont communiqué l'influence de leurs vertus. Enfin, siège d'une confrérie renommée, qui non seulement avait son autel dans le temple à côté de l'autel de Dieu, mais qui possédait aussi une chapelle sur une montagne voisine, au milieu d'un vignoble qui lui appartenait, et qui a porté, jusqu'à ce jour, le nom de Vignoble de la Confrérie. Tout cela fait à ce pays une physionomie à part, et entoure son passé d'une auréole de sainteté et d'une couronne de bénédictions.

Mais, plus il était remarquable de voir tous ces titres de gloire, tous ces gages de protection attachés à ce pays, plus on avait lieu de s'étonner qu'on n'y rencontrât aucun monument en l'honneur de Celle qui est l'illustration non pas seulement d'un  pays ou d'un royaume, mais de la terre entière, mais du Ciel lui-même, de Celle qui porte au front le plus noble caractère qui ait jamais été donné à une créature, le caractère de Mère de Dieu, de Celle qui domine tous les Saints, comme une Reine ses sujets, dont la puissance ne connaît pas de bornes, car elle est l'exercice de la puissance de Dieu même, dont la protectrice en vaut dix mille, car elle est plus forte que celle d'une armée rangée en bataille ; dont le culte aimé autant qu'honoré, est établi dans le monde entier, et semblable à un arbre aux rameaux immenses, aux racines vigoureuses, pousse des rejetons innombrables, qui, sous la forme de chapelles élégantes ou de riches églises, de colonnes imposantes ou grandioses, de statues gracieuses et monumentales, s'épanouissent partout, sur le sommet des montagnes, au fond des vallées, sur les bords escarpés de la mer, dans tous les lieux enfin que l'homme a jugés dignes de lui être consacrés, et où il a voulu attirer sa protection spéciale ; plus, dis-je, il était extraordinaire qu'au milieu de cette efflorescence religieuse, ce pays n'eût dédié à l'auguste Mère de Dieu aucun monument d'honneur qui manifestât ses hommages et sa confiance ; et je me souviens bien que, dernièrement, lorsque Monseigneur nous demanda à tous de lui indiquer les monuments qui attestaient la dévotion particulière que nos paroisses avaient pu montrer dans le passé envers la sainte Vierge, mon âme fut attristée quand j'eus à répondre que je n'en connaissais aucun, et que la paroisse de Cunfin, qui avait voué un culte si profond à la Mère, dans la personne de sainte Anne, semblait avoir négligé le culte de Marie, son auguste fille.

Désormais il n'en sera plus ainsi ; désormais la Reine du Ciel, qui a des trônes partout, aura aussi son petit piédestal dans cet humble village ; et quand nous l'entendrons proclamer avec l'histoire la première Reine de France, quand nous entendons appeler la France le royaume de Marie, Regnum Galliæ, Regnum Mariæ, nous pourrons dire avec une légitime fierté que nous sommes, nous, un des fiefs de cette auguste Reine, une des principautés choisies de son beau royaume, puisqu'elle aura en quelque sorte sa résidence parmi nous, qu'elle y habitera par son image ; et nous aimerons à l'appeler la Maîtresse et, si j'ose dire, le Seigneur de ce pays, Notre Dame enfin, Dame de paix et de bienfaisance, n'exerçant ses droits de souveraine que par la miséricorde et non par la justice, que pour le salut de ses sujets et non pour leur perte.

C'est cette considération qui, dès les premiers jours de mon entrée dans cette paroisse, m'a inspiré l'idée de ce monument. Et cette idée m'est venue ici même, sur cette montagne qui appartenait autrefois à l'Eglise, car elle était la propriété du prieuré, montagne que nous pourrions par conséquent appelerSainte, et qui nous permet de nous écrier avec l'Ecriture : Fundamenta ejus in montibus sanctis, elle est fondée sur les montagnes saintes ; comme aussi sa position au milieu des bois, nous fera penser à ces autres paroles que l'Esprit saint met dans la bouche de cette auguste Vierge : Sicut cedrus Libani exaltata sum, et sicut cypressus in monte Sion : Ma tête s'est élevée parmi les cèdres, et mon front parmi les cyprès, sur la montagne de Sion.

Puisse donc ce petit édifice tourner à la gloire de Celle qu'on ne saurait jamais exalter. Puisse-t-il contribuer à étendre son culte, affermir son règne sur les cœurs, la faire connaître et aimer d'avantage. Et chose étrange! c'est pendant que les pygmées audacieux et impies essayent de détrôner son Fils et de le rabaisser, en lui arrachant le diadème de la divinité, le sceptre de la royauté des âmes, que sa Mère, simple femme, monte et grandit dans le respect et l'affection de tous. Et voilà les contrastes auxquels Dieu se plaît. Voilà comme il répond aux blasphèmes et confond les tentatives insensées, les criminels efforts des sectateurs de l'antique serpent, qui, à l'exemple de leur chef, essayent aussi de mordre au talon et la Mère et le Fils, mais en vain ; car, si leurs impuissantes morsures atteignent leur talon, jamais elle ne s'élèveront jusqu'à leur tête, jamais elles ne réussiront à obscurcir leur gloire, à abattre leur puissance.

O illustre Mère de Dieu, tendre mère des hommes, nous vous offrons ce petit monument, hommage de nos cœurs, gage de notre affection. Ah! s'il vous est agréable, daignez nous le montrer, en y attachant des grâces particulières. Que chaque fois que nous viendrons vous y prier, nous nous en retournions exaucés ; et, comme première faveur, daignez nous bénir tous.

Bénissez le premier Pasteur de ce diocèse, qui a daigné approuver et encourager la pensée de ce monument, en vue de votre gloire. Bénissez celui qui est son digne représentant, l'homme de sa droite, lequel n'a pas hésité à répondre à l'invitation qui lui a été faite de venir rehausser, par sa présence, votre fête, parce que cette invitation lui a été faite en votre nom. Bénissez ces pieux et vénérés Confrères, qui ont, en quelque sorte, oublié un instant le culte de votre Fils pour ne penser qu'au vôtre, pour montrer combien ils vous sont dévoués, et indiquer aussi à leurs paroissiens où est leur appui, leur espérance, leur salut. Bénissez ces chers paroissiens qui professent pour vous une affection toute spéciale. Bénissez particulièrement ceux qui ont contribué à vous élever ce petit trône, et cet artiste, aussi modeste qu'habile, qui vous a donné des traits si aimables, et ces ouvriers intelligents qui vous ont assise sur ce piédestal, et ces travailleurs de bonne volonté qui ont prêté le concours de leurs bras ou de leur bourse, et ces hommes généreux qui vous ont fait présent du terrain pour nous tracer un chemin pour aller à vous, et ces administrateurs éclairés de la commune, qui ont compris que tout ce qui tourne à l'honneur et au bien de la religion, tourne par là même à l'honneur et à la prospérité du pays. Bénissez tous ces pieux étrangers, venus pour s'associer à notre joie et embellir votre fête, pour vous donner un témoignage public de leur vénération et de leur culte.

Enfin, s'il nous reste encore une bénédiction, donnez-la à celui qui est le dernier de vos serviteurs, mais qui ose dire qu'il n'est pas le moins dévoué. C'est l'unique récompense qu'il vous demande pour vous avoir élevé ce monument, avec l'espérance de vous voir un jour dans le Ciel. »

Nous avons remarqué avec bonheur que les paroissiens de M. l'abbé Robert sympathisaient parfaitement avec leur zélé pasteur, et que sa charmante allocution a été goûtée par tous.

On entonna ensuite le Salve Regina, qui fut chanté à l'unisson par tous les assistants au nombre de près de 3,000. La musique fit entendre une mélodie de circonstance, pendant laquelle eut lieu la quête. Cette quête fut faite par Mme Rigollot, de Cunfin, conduite par M. Bertherand, membre du Conseil général de l'Aube, qui commença par déposer un billet de 100 francs dans la bourse de la quêteuse, et par Mme Brodiez, d'Essoyes, conduite par M. le Maire de la commune. Puis on entonna le Te Deum, et on reprit le chemin du village pour la bénédiction du Saint-Sacrement.

Après l'office, MM. les ecclésiastiques, en habits de chœur, furent conduits processionnellement au presbytère. La musique salua encore une fois, par un pas redoublé vivement exécuté, tout le cortège.

M. l'abbé Langevin adressa, au nom de tous, des remerciements et des félicitations à MM. les pompiers et musiciens, et on se sépara pour revenir, les uns sur la montagne, les autres aux fenêtres ou sur les places publiques, pour jouir des effets du feu d'artifice. Pendant ce temps-là, des multitudes de lanternes vénitiennes illuminaient le portail de l'église, le presbytère et le chemin de la montagne. Cette illumination du sentier de Marie avait quelque chose de féerique.

  Au bout d'une heure, les tambours battaient aux champs pour annoncer le feu d'artifice qui, quoique dans des conditions plus favorables que celui de la montagne de Notre-Dame-des-Vignes, laissa beaucoup à désirer. Comme à Neuville, les fusées volantes et les feux de Bengale firent seuls les frais de la soirée.

Le fête se termina par un banquet confortable, donné dans une des salles de l'Hôtel-de-Ville, par M. le Curé, à une quarantaine d'invités, et, pour les autres, par des repas de famille et d'amis, assaisonnés principalement du récit de la fête du 30 octobre 1864.

 

PRIÈRE A NOTRE-DAME-DE-LA-PAIX

Très-sainte et Immaculée Vierge Marie, aimable Reine de la paix, douce et pieuse colombe, qui, portant en votre chaste sein Celui que les Patriarches et les Prophètes saluèrent du nom de Prince de la paix, avez annoncé au monde plongé dans un déluge d'iniquités, la fin de l'esclavage de la pauvre humanité et le commencement d'une ère nouvelle ; mystérieux arc-en-ciel, qui brillez de la vive lumière de tant de vertus et de titres de gloire, et que votre cher Fils, dont vous reflétez les divines perfections, a placé au milieu des nuages formés par le vice et l'iniquité, comme le signe de la nouvelle alliance des hommes avec Dieu ; nouvelle Abigaïl, qui calmez, par votre douceur angélique, la juste colère d'un Dieu irrité contre les crimes des mortels, obtenez de votre divin Fils qu'il fasse régner sur la terre la paix, ce présent ineffable, qu'à sa naissance il apporta aux hommes de bonne volonté. Détruisez, ô puissante Médiatrice, le mur de séparation que nos iniquités ont élevé entre le Ciel et la terre. Convertissez les ennemis de la sainte Eglise, et que, sous la salutaire influence de la paix de Dieu, il n'y ait plus qu'un seul troupeau et un seul Pasteur. Bonne Notre-Dame-de-la-Paix, faites goûter à nos âmes ce sentiment délicieux et ineffable de la paix intérieure, qui garde nos intelligences et nos cœurs. Que par vous, tous ceux qui portent au front le noble caractère d'enfants de Dieu, et qui se glorifient de vous appartenir, de vous aimer et de vous servir, n'aient tous ensemble qu'un cœur et qu'une âme. Que cette paix se répande au sein de nos familles et qu'elle en bannisse à jamais la haine fatale, l'esprit de division et de jalousie. Eteignez le funeste flambeau des discordes civiles, qui divisent les peuples entre eux, et qui allument ces guerres lamentables, source de tant de calamités et de misères. Bonne Notre-Dame-de-la-Paix, nous vous en supplions, le cœur plein de confiance en votre bonté maternelle, prenez en main, nouvelle et pieuse Esther, la cause de votre peuple, à qui le démon, cet implacable ennemi de la paix, fait une guerre homicide, et qu'il entraîne tous les jours vers les abîmes éternels. Ne permettez par, ô Vierge Immaculée, que l'antique serpent relève aujourd'hui sa tête que vous avez écrasée de votre pied virginal, et qu'il cesse de faire verser des larmes amères aux Anges de la paix. Faites que, marchant sur les traces de nos vertus, encouragés, soutenus par vos saintes prières, nous sachions toujours, à travers les ténèbres épaisses qui nous environnent, discerner ce qui peut apporter la paix de nos âmes, afin que le Seigneur nous remplisse de joie et de paix dans la profession de notre foi, et qu'un jour nous entrions en possession de l'éternelle paix dont jouirons les Elus dans le Ciel. Nous vous en prions par Jésus-Christ Notre Seigneur.

Ainsi soit-il.     ......*.*.*.*.*

POUPELIER                               

Chanoine honoraire, desservant de Neuville-sur-Seine

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