Extrait de la Thèse de Maîtrise de Sociologie Rurale
" Déclin d'une commune française - Cunfin en Champagne "
de Monsieur Claude PARIS
Dans sa thèse de maîtrise de sociologie rurale " Déclin d'une commune française - Cunfin en Champagne " réalisée sous la direction de Mesdames EIZNER et GROSHENS (Université PARIS X - NANTERRE - Sciences sociales et administration - Année 1985/1986),
Monsieur PARIS, Claude, détaille une approche historique de Cunfin, dans laquelle y est relatée ;
LA CHAPELLE SAINTE ANNE
*.*.*.*.*...... La tradition religieuse du village laisse aussi une large part au culte de Sainte-Anne grâce à l'existence d'une chapelle très ancienne.
"A un quart de lieue de Cunfin, sur un coteau pierreux, on aperçoit une chapelle sous le vocable de Sainte-Anne, patronne secondaire du pays". Curieux monument d'architecture du Moyen-Age, toutes les traditions du lieu se mêlent au souvenir de cette chapelle. Il en est fait mention, par quelques lignes, dans le "Dictionnaire des pèlerinages et des lieux de dévotion les plus célèbres de l'univers" publié en 1850.
Elle datait de la même année que le prieuré dont elle dépendait et avait été fondée, comme ce couvent par Saint-Simon, comte de Bar-sur-Aube. Les circonstances de cette construction sont inconnues. On peut présumer que cette chapelle fut, dans le principe, l'humble cellule de quelques pieux anachorètes (moines qui vivent dans la solitude) ou de Simon lui-même. Cet édifice était bâti sur un plan légèrement incliné, les murailles étaient noircies par les siècles, sa couverture était en tuiles plates et un petit clocher à flèche en bois, fort gracieux, la couronnait ; il renfermait une cloche de 125 Kgs. On y entrait par une porte ogivale où était pratiquée une ouverture en forme de coeur qui permettait d'en découvrir l'intérieur. "... Depuis longtemps, elle n'avait plus d'ornementation. Elle avait environ 20 pieds de long et 10 pieds de large. Elle était divisée en deux parties égales par une balustrade en bois tourné et peint, qui s'élevait jusqu'à la hauteur du plancher. Elle était pavée en dalles du pays et éclairée du côté du midi par deux fenêtres en ogives garnies de barreaux de fer. On voyait, de chaque côté de l'autel, deux statues en pierre d'environ deux pieds de hauteur (l'une représentant Sainte-Anne, l'autre Sainte-Germaine). Sur le devant, on trouvait un grand et haut vestibule ou porche ouvert seulement du côté du midi, qui permettait d'offrir un abri, en cas d'orage, aux passants et aux cultivateurs des alentours." A l'extérieur, au nord, était adossé un ermitage, c'est à dire un petit local où un ermite établi pour garder la chapelle, établissait sa demeure. L'ensemble se composait d'un cellier où l'ermite plaçait le vin de la vigne adjacente à la chapelle, qu'il cultivait pour son compte. L'enceinte de ce monument religieux était, en grande partie, couverte de grands arbres.
Quelques textes font encore état de la présence d'un ermite ou garde chapelle en 1738. Il ne quittait sa cellule que pour aller quêter sa subsistance ou pour se rendre les dimanches et fêtes à l'église paroissiale où il entendait l'office. Cette chapelle était, d'ailleurs, encore entourée de vignes et dépendait de la garde des moines du prieuré. D'autre part, il a été retrouvé des pièces de monnaie des XIème et XIIème siècles et d'autres objets, aux alentours de cette chapelle, mais il n'a pas été possible de savoir qui les avait récupérés et où ils avaient été emmenés.
Sainte-Anne jouissait d'une grande réputation dans la contrée et, pendant 500 ans, fut l'objet de nombreux pèlerinages. On y voyait accourir les malades ou des personnes qui venaient déposer des ex-voto après les guérisons. Tous les ans, les curés des environs s'y rendaient en procession solennelle avec leurs paroissiens et venaient y prier.
On relève aussi, dans la tradition locale, l'existence d'une procession à Sainte-Anne pour faire pleuvoir ! dans les périodes de grande sécheresse ; la procession allait chercher le buste de la Sainte patronne que l'on déposait dans l'église pendant un ou deux jours.
Néanmoins, la chapelle commençait à se délabrer. Il fut un temps question de la restaurer mais en 1836 elle fut démolie pour être reconstruite.
Ce nouvel édifice que nous connaissons à l'heure actuelle, ne ressemble pas, parait-il, à l'ancienne chapelle. Il fut l'oeuvre d'un notable du village (Nicolas Bellot) à qui appartenait le terrain où la chapelle était sise. Le 27 juillet 1837, le curé fit la bénédiction solennelle au milieu d'une foule recueillie. Une stèle surmontée d'une croix fut érigée à la mémoire de Nicolas Bellot, celle-ci était encore présente en 1985, mais des vandales au printemps 1986 l'ont massacrée.
Cette histoire de la chapelle Sainte-Anne ne serait pas complète si l'on ne parlait pas de la source qui existe au bas de la colline et qui porte le même nom. Les deux monuments sont séparés par la route qui va deCunfin à Villars. Longtemps, on a attribué à cette eau de précieux effets, entre autres celui de guérir la fièvre, de faire disparaître la douleur, ainsi que la guérison de certains maux d'yeux... Mais là encore, la source que nous découvrons de nos jours, n'est pas celle qui existait jadis, le propriétaire du terrain l'ayant supprimée. ......*.*.*.*.*